Les étymologies…


Nous allons nous intéresser aux mots : Dogmatisme, Dogme et Doute.
DOGMATISME :
Le terme vient du grec et latin “dogma” qui veut dire opinion ou doctrine.

Sens ordinaire : c’est une rigidité intellectuelle des adeptes d’une
doctrine, lorsque ceux-ci refusent d’envisager la discussion ou la
remise en cause de ses fondements.
– En philosophie : c’est une
position philosophique consistant a admettre que l’on peut atteindre
puis démontrer des vérités certaines ou même absolues, notamment dans le
domaine métaphysique.
Termes voisins : scepticisme.
Termes opposés : certitude, conviction, critique, doute, fanatisme, fideisme, préjugé.
DOGME :
Toujours du grec et latin “dogma”, opinion, doctrine.
– Sens Théologique : c’est l’ensemble des positions caractéristiques d’une religion.

Sens ordinaire : point de doctrine établi et considéré comme intangible
et indiscutable dans une école philosophique ou religieuse, dans un
courant politique, etc.
DOUTE :
Du latin “dubitare”, qui veut dire balancer.
– Sens ordinaire : état d’esprit provenant d’une absence de certitude.

En philosophie : c’est une attitude réfléchie, volontaire et critique ;
suspension du jugement devant ce qui se présente comme une vérité, afin
de l’examiner et d’en mettre a l’épreuve le bien-fondé.
– En
Epistemologie : selon Claude Bernard, c’est la qualité fondamentale de
l’investigation scientifique, qui vise a ne pas prendre des conclusions
momentanée des vérités absolues.
Termes voisins : embarras, hésitation, incertitude.
Termes opposés : certitude.
[26/09/2016 à 2:32] Sadio Dona:
Le doute libérateur :
La
valeur de la philosophie doit, en réalité, surtout résider dans son
caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie
traverse l’existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun,
des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de conviction qui
ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison.
Pour
un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident : les
objets ordinaires ne font pas naître des questions et les possibilités
peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à
penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons, que
mêmes les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des
problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes.
La
philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec
certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même
suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et
délivre celle-ci de la tyrannie de l’habitude. Tout en ébranlant notre
certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît
énormément notre connaissance d’une réalité possible et différente ;
elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui
n’ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde
intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant voir les choses
familières sous un aspect nouveau.
Bernard Russel, Problèmes de philosophie.
[26/09/2016 à 2:33] Sadio Dona:
Sujets du domaine I : La réflexion philosophique
1- La réflexion philosophique nous détache-t-elle du monde ?
2- Peut-on douter de tout ?
3- « La philosophie, écrit un philosophe, boîte ». Est-ce à dire qu’elle va tomber ?
Peut-on tout dire ?
4- L’engagement politique et la réflexion philosophique sont-elles compatibles ?
5- La tâche de la philosophie est-elle de nous débarrasser de nos illutions et préjugés ?
6-
La philosophie est la science qui met fin au règne des certitudes.
Cette définition de la philosophie vous paraît-elle recevable ?
7- Philosopher, est-ce nier le savoir ?
8- Faire de la philosophie, ce n’est pas poser un savoir, c’est contredire un passé, ruiner des certitudes. Qu’en pensez-vous ?
9- La certitude est le signe d’une pensée morte. Qu’en pensez-vous ?
10- La philosophie est-elle une entreprise de remise en cause de toutes les certitudes ?
11-
« La philosophie ne nous paraît pas recherche de savoir. Au contraire,
elle nous paraît dissolution de tout savoir acquis ». Quelle réflexion
vous suggère ce propos ?
12- Douter est-ce renoncer à la vérité ?
13- Le philosophe est-il nécessairement l’homme de son temps ?
14- La raison a-t-elle toujours raison ?
15- « Malheur au penseur qui n’est pas le jardiner mais le terrain de ses plantes ». Que vous suggère cette affirmation ?
16- La philosophie se nourrit-elle essentiellement de ce qui n’est pas elle ?
17- La philosophie n’est pas seulement une réflexion libre, elle est aussi une « discipline de libération ». Qu’en pensez-vous ?
18- Suffit-il de prendre la vie avec philosophie pour philosopher ?
19- Le plus grand bien dans un Etat consiste-t-il à avoir de vrais philosophes à sa tête ?
20- La philosophie est une aventure de la raison qui naît de l’insatisfaction et s’achève dans la déception. Qu’en pensez-vous ?
21- Croire et savoir.
22- Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison. Que vous suggère cette pensée ?
23- Le fait que la philosophie revendique son droit d’être inutile est-il suffisant pour la récuser ?
24- L’inutilité de la philosophie nous autorise-t-elle à la rejeter ?
25- Les hommes actuels peuvent-ils dialoguer avec les philosophes du passé ?
26- L’idée d’une philosophie locale ne vous semble-t-elle pas paradoxale ?
27- Existe-t-il une philosophie africaine ?
28- L’avenir est-il comme une page blanche ?
29- Y a-t-il des vérités indiscutables ?
30- Il n’y a pas de vérité sacrée, c’est-à-dire interdite à la pleine investigation de l’homme. Qu’en pensez-vous ?
31- Si quelqu’un pense et voit clair en tout, c’est qu’il a cessé de philosopher. Qu’en pensez-vous ?
32- La sagesse est-elle périmée dans ce monde actuel ?
33- La métaphysique comme œuvre de la raison n’est-elle qu’une illusion ?
34- La certitude que nous offrent les sciences nous autorise-t-elle à renoncer à la métaphysique ?
35- La métaphysique est dépassée a-t-on dit. Qu’en pensez-vous ?
36- Faut-il rejeter la métaphysique ?
37- C’est l’insuffisance des donnés sensibles qui fait naître la métaphysique. Qu’en pensez-vous ?
38- Peut-on concevoir un homme sans valeur ?
39- Le réel se réduit-il à ce qu’on perçoit ?
40- Suffit-il de percevoir les objets pour les connaître ?
41- Suffit-il de voir pour savoir ?
42- La philosophie peut-elle aider à mieux vivre ?
43- La philosophie est plutôt une façon d’être qu’un savoir. Qu’en pensez-vous ?
44- La religion peut-elle avoir la même fonction que la philosophie ?
45- La religion est-elle aliénation ?
46- La philosophie a-t-elle quelque chose à apporter au savant ?
47- La philosophie promet-elle le bonheur ?
48- Ce que les sciences humaines nous font connaître de l’homme suffit-il pour connaître l’homme ?
Sujets du domaine II : La vie sociale
1- Pour une culture, s’ouvrir est-ce se perdre ?
2- La diversité culturelle est-elle un obstacle à l’unité de l’humanité ?
3- L’homme est à la fois producteur et produit de la culture ?
4- Dominer la nature, peut-il être pour l’homme un idéal suffisant ?
5- Les devoirs de l’homme varient-ils selon les cultures ?
6- L’homme est-il libre ou tient-il à le devenir ?
7- Le travail est-il nécessaire pour être libre ?
8- Le travail est-il une obligation, une contrainte ou une nécessité ?
9- Est-ce pour se reposer que l’homme travaille ?
10- Peut-on agir moralement en étant inconscient ?
11- Peut-on être libre sans être heureux ?
12- Vivre en société, est-ce vivre par et pour la société ?
13- La liberté de l’Etat pour ou contre l’Etat ?
14- L’Etat est-il un mal nécessaire ?
15- La mondialisation ne fait que détruire les Etats et nier la souveraineté des nations. Qu’en pensez-vous ?
16- La violence peut-elle avoir raison ?
17- Une société sans conflit, est-elle possible ? Est-ce souhaitable ?
18- Peut-on tout attendre de l’Etat ?
19- Bien informés, nous sommes des citoyens. Mal informés, nous sommes des sujets. Qu’en pensez-vous ?
20- Peut-on refuser d’obéir à la politique par respect à la loi morale ?
21- Ethique et politique
22- Par le langage, peut-on agir sur la réalité ?
23- Est-il légitime d’assimiler notre temps de travail à notre temps de liberté ?
24- L’exigence d’autonomie individuelle exclut-elle la conformité aux nomes ?
25- « L’homme se distingue de l’animal par le fait qu’il naît prématuré ». Qu’en pensez-vous ?
26- Les techniques libèrent-elles l’homme plus qu’elles ne le déshumanisent ?
27- L’homme doit-il craindre que les machines travaillent pour lui ?
28- Peut-on se servir de la violence à des fins morales ?
29-
« Langage et travail sont des manifestations dans lesquelles l’individu
ne se conserve plus et ne se possède plus, mais par lesquelles il
laisse son intimité sortir tout à fait de soi et la livre à autrui ».
Que pensez-vous de cette affirmation de Hegel ?
30- Langage et pensée sont-ils dissociables ?
31- Le langage et le travail sont-ils spécifiques à l’homme ?
32- Peut-on penser à ce que l’on veut dire sans dire ce que l’on  pense ?
33- Est-on d’autant plus libre qu’on est conscient ?
34- L’idée d’inconscient exclut-elle l’idée de liberté ?
35- L’idée de liberté est-elle compatible avec le concept d’inconscient ?
36- La notion d’inconscient introduit-elle la fatalité dans la vie de l’homme ?
37- Le recours à l’inconscient autorise-t-il l’alibi de l’inconscience ?
38- Sur quelles raisons pouvons-nous nous appuyer pour admettre l’existence d’un inconscient ?
39- L’inconscient permet-il autant que la conscience de définir l’homme ?
40- La connaissance de l’inconscient apporte-t-elle quelque chose d’essentiel à la connaissance de l’homme ?
41- Obéir, est-ce renoncer à la liberté ?
42- Exiger l’obéissance est-ce nécessairement porter atteinte à la liberté ?
43- La contrainte annihile-t-elle la liberté ?
44- La contrainte est-elle le contraire de la liberté ?
45- Y a-t-il contradiction entre être libre et être soumis aux lois ?
46- Etre libre, est-ce être autonome ?
47- Peut-on restreindre la liberté sans la nier ?
48- La liberté peut-elle se définir comme l’obéissance à la raison ?
49- Est-il facile d’être libre ?
50- Est-il pertinent de revendiquer une liberté à laquelle nous sommes condamné ?
51- « Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui  affranchit ». Qu’en pensez-vous ?
52- Y a-t-il des guerres justes ?
53- Peut-on dire que l’homme occupe une place particulière dans le monde ?
54- Les différences entre les hommes ont-elles seulement un fondement biologique ?
55- Etre conscient de soi, est-ce être maître de soi ?
Sujets du domaine III : Epistémologie
1- Le progrès scientifique constitue une menace pour la religion et la philosophie. Qu’en pensez-vous ?
2- Y a-t-il des vérités indiscutables ?
3- Opposer science et philosophie, est-ce légitime ?
4- La science peut-elle mettre fin à la philosophie ?
5-
Aujourd’hui, les sciences et les techniques ont des progrès tels que la
réalité et la fiction se confondent ? Qu’en pensez-vous ?
6-
Le mythe et la magie peuvent respectivement être considérés comme la
science et la technique des sociétés primitives. Que vous suggère cette
pensée ?
7- L’unanimité est-elle critère de vérité ?
8- « Si on ferme la porte à l’erreur, la vérité restera dehors ». Qu’en pensez-vous ?
9- Expliquez et discuter le propos suivant : « C’est parce qu’elle n’est sûre de rien que la science progresse ».
10- Toute connaissance autre que scientifique n’est pas connaissance mais ignorance. Qu’en pensez-vous ?
11- Ce que les sciences humaines nous font connaître de l’homme suffit-il pour connaître l’homme ?
12- L’homme doit-il craindre que les machines travaillent pour lui ?
13- Le progrès scientifique s’accompagne-t-il de progrès moral ?
14- Faut-il renoncer à s’interroger sur ce qui est hors de portée de la connaissance scientifique ?
15- La philosophie doit-elle laisser la science sans surveillance ?
16- Notre désir de savoir est-il satisfait par la science ?
Sujets du domaine IV : Esthétique
1- Peut-on expliquer une œuvre d’art ?
2- L’art est-il un luxe mensonger ?
3-
Ce qu’il y a de commun entre l’art et la morale, c’est que dans les
deux cas, il y a création et invention. Quelle réflexion vous suggère
ces propos de Sartre ?
4- L’art peut-il être un langage ?
5- « L’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible ». Expliquez et discutez cette affirmation de Paul Klee.
6- L’art vise-t-il à imprimer en nous des sentiments ou à les exprimer ?
Voici quelques sujets avec lesquels vous pourriez vous exercer !
[26/09/2016 à 2:34] Sadio Dona:
Retour sur quelques leçons :
La métaphysique :
1- L’histoire du vocable métaphysique :
Dans
l’existence de toute chose, il y a des aspects physiques ou sensibles
et des aspects métaphysiques ou intelligibles. Est métaphysique tout ce
qui existe et qu’on ne peut saisir par les 5 sens. La métaphysique est
composée du suffixe « méta » qui veut dire au-delà et du radical «
physique » qui signifie physis ou nature en grec. On doit le terme
métaphysique à Andronicos de Rhodes (1er siècle avant J. C.) qui, en
procédant à la classification des œuvres d’Aristote, a remarqué qu’il y a
parmi ces œuvres qui ne traitaient ni de politique, ni d’éthique, ni de
logique c’est-à-dire du cadre physique ou terrestre. Ces écrits
traitaient de l’âme, du monde, de Dieu etc. qui sont des objets situés
au-delà du monde sensible. Andronicos de Rhodes les classa sous le nom
de « méta ta physica » ou Métaphysique. Mais les expressions qu’Aristote
avait retenues étaient « la science des premiers principes et des
premières causes » ou « la philosophie première », ou encore « la
science de l’Etre en tant qu’être ». A travers ces différentes
appellations qui signifient la même chose, Aristote se demandait s’il
existe un être qui serait à l’origine de tous les autres êtres. Un être
sans lequel tous les autres êtres ne seraient pas, un être qui serait
au-dessus de tout le monde, qui serait unique, éternel, infini et
parfait. Ainsi, on peut se rendre compte que toutes ces propriétés ne
sauraient appartenir à un être humain, car l’homme est faillible et
imparfait. Ces propriétés appartiennent, au contraire, à Dieu. Au-delà
de son aspect divin, la métaphysique recherche l’origine ultime des
choses ou leur sens à travers la question du pourquoi. D’ailleurs, André
Lalande la définit comme « la connaissance de ce que sont les choses en
elles-mêmes par opposition aux apparences qu’elles présentent » ou
encore « la connaissance des êtres qui ne tombent pas sous les sens ».
2- Les défenseurs de la métaphysique :
La
métaphysique va régner jusqu’au moyen âge et retiendra l’attention de
Descartes. Ce dernier cherchait un fondement à la philosophie et il l’a
obtenu dans la métaphysique. On peut retrouver l’idée de la métaphysique
comme fondement de toute chose dans l’exemple de l’architecture. En
d’autres termes, la résistance d’un bâtiment dépend de son fondement :
plus le fondement est solide, plus le bâtiment est solide. Mais si le
fondement est fragile, le bâtiment risque de s’écrouler. Dans une
célèbre métaphore, Descartes fait cette comparaison : « La philosophie
est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la
physique et les branches qui se réduisent à trois principales que sont
la médecine, la mécanique et la morale ». Ces deux exemples montrent
l’importance de la métaphysique, car ni le fondement du bâtiment ni les
racines de l’arbre ne sont visibles, et pourtant sans eux rien ne peut
tenir. Ce qui signifie que toute chose visible repose sur de
l’invisible.
Le but de la métaphysique est de saisir par la raison
la réalité cachée, celle qui est voilée et qui se situe derrière le
monde des apparences. Mais est-il possible d’accéder à cette réalité ?
Oui répond Platon. A son avis, l’homme peut accéder aux Idées,
c’est-à-dire au monde intelligible, monde de la vérité, opposé au monde
sensible fait d’erreurs et d’illusions. Selon Platon, on ne peut faire
de science que du monde intelligible. Du monde sensible, on ne peut rien
connaître du fait qu’il est sans cesse changeant ; en plus de cela les
sens trompent. La vraie connaissance est celle des essences qui sont
immuables, éternelles. Descartes considère également qu’on peut
connaître le monde intelligible. Pour lui, la métaphysique est la
première des sciences et la science sans laquelle aucune autre science
n’est possible. Mais d’autres philosophes rejettent la métaphysique
qu’ils considèrent comme une pseudoscience et pensent qu’elle ne peut
rien apprendre à l’homme de concret sinon l’enfoncer dans l’illusion de
connaître les choses cachées.
3- Critiques de la métaphysique :
La
métaphysique a fait l’objet de plusieurs critiques de la part des
matérialistes et des empiristes. Pour le matérialisme, toute
connaissance passe nécessairement par l’observation des phénomènes et
pour l’empirisme toute connaissance passe par l’expérience. Selon
l’empiriste, Hume, la métaphysique pousse l’esprit à sortir du cadre du
monde physique et elle n’est qu’illusions et sophismes. Kant sera
influencé par Hume sur les limites de la raison, et il l’avoue en ces
termes : « Hume m’a réveillé de mon sommeil dogmatique » (Prolégomènes à
toute métaphysique future…). Selon Kant, il n’est pas possible de
connaître le monde des noumènes comme Dieu, l’âme, le paradis, l’enfer
etc. par opposition au monde des phénomènes, c’est-à-dire le monde dans
lequel nous vivons. C’est ce qui l’a amené à fixer les limites de la
raison. Cette dernière ne peut pas connaître Dieu, l’âme ou l’au-delà,
c’est plutôt la foi qui les ressent. Et c’est ce qui pousse Blaise
Pascal à dire : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison » ou
encore « Dieu ne se prouve pas, il s’éprouve ». Voilà pourquoi la
métaphysique, dans son projet de connaître le fond des choses par la
raison, a échoué. Pour Kant, elle ne peut pas être une science. Et c’est
ce qui l’amène  à dire que « la métaphysique est un champ de bataille
où il n’y a ni vainqueur ni vaincu » (Critique de la raison pure). Même
s’il ne la considère pas comme une science, Kant soutient que la
métaphysique est un besoin vital pour l’homme.
Karl Marx, pour sa
part, estime que la métaphysique est un instrument de domination des
bourgeois sur les prolétaires. Les marxistes considèrent que la
métaphysique est une fiction idéologique de la bourgeoisie. Ils estiment
qu’elle doit être rejetée, car elle divertit les prolétaires au lieu de
les conscientiser sur leur sort désolant ou de les aider à combattre
les inégalités sociales. Auguste Comte s’est également dressé contre la
prétendue supériorité de la métaphysique et rejette son statut de
connaissance fondatrice ou supérieure. Pour Comte, la métaphysique est
dépassée et il l’explique à travers la loi des trois états de l’esprit
humain : la pensée théologique qui correspond avec l’enfance de la
raison, la pensée métaphysique qui correspond avec l’adolescence de la
raison et la pensée scientifique ou positive qui correspond avec la
maturité de la raison.
Parmi les critiques les plus sévères contre
la métaphysique, on peut retenir celles de Nietzsche. Pour lui,
s’attacher à la métaphysique, c’est se conduire comme un « vaincu ». Il
estime que ce sont les « vaincus » et les « ratés » de la vie concrète
qui ont créé « cet arrière monde métaphysique pour calomnier le monde
concret ». Nietzsche trouve que la métaphysique est au secours des
impuissants qui n’ont rien à espérer de cette vie et qui,
imaginairement, se créent un au-delà et Dieu pour pouvoir supporter
leurs peines. Il dit à ce propos « Soyez fidèles à la terre, l’au-delà
n’existe pas ». Et dans une autre formule de mise en garde, il dit : «
Méfiez-vous de tous ces prêtres qui vous font croire en un au-delà alors
que nous n’avons pas épuisé le sens de la terre. Le sens de la vie mes
frères, c’est le sens de la terre ».
Malgré toutes ces critiques,
peut-on dire que l’homme peut se passer de la métaphysique ? Non, diront
certains philosophes qui pensent que l’homme a une disposition
naturelle qui le porte à s’interroger sur son origine et son existence.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre les propos de Schopenhauer selon
lesquels « l’homme est un animal métaphysique ». En somme, même si la
métaphysique n’est pas une connaissance exacte, elle demeure quand même
une préoccupation inévitable, d’où la réhabilitation de la métaphysique.
4- Nécessité et actualité de la métaphysique :
En
dépit des critiques qu’elle a subies, la métaphysique semble de plus en
plus d’actualité face au désir et à la curiosité de l’homme de
connaître ce qu’il y a au-delà de la terre. Pourtant, sur le plan
technique ou matériel, la science satisfait l’homme en lui procurant
beaucoup de choses. Mais sur le plan spirituel, la science est incapable
de combler le besoin de l’homme et d’apaiser son angoisse sur des
questions existentielles comme : d’où venons-nous, où allons-nous,
qu’est-ce que l’homme ? Même si la science a investi plusieurs domaines
de la vie de l’homme en essayant de le rendre heureux, elle n’a pas pu
liquider la métaphysique qui demeure un besoin vital. C’est ce que
montre Kant qui, bien qu’ayant récusé la métaphysique comme science,
soutient qu’il est difficile sinon vain de vouloir y renoncer. Il dit : «
La métaphysique est pour l’homme un besoin vital et il serait illusoire
de voir l’homme y renoncer un jour tout comme l’homme ne renoncerait
pas à respirer sous prétexte que l’air serait pollué ». C’est la même
idée que l’on retrouve chez Schopenhauer selon qui l’homme est un animal
métaphysique, c’est-à-dire un être qui ne peut pas se passer de
questions qui le dépassent parce qu’il est curieux par nature. En vertu
de cette curiosité, l’homme se pose des questions du genre : d’où vient
l’homme, où va-t-il, quel est le sens de la vie, le sens de la mort,
existe-t-il une autre vie après la mort ? etc. Pour montrer que la
métaphysique n’est pas encore liquidée, Georges Gusdorf déclare : « Loin
d’affirmer la décadence de la métaphysique, il faudrait bien plutôt
souligner qu’elle est, en un certain sens, universalisée, qu’elle a
acquis une sorte de suprématie ». Ceci pour dire que la métaphysique est
inébranlable, elle est plus présente aujourd’hui qu’hier.
Bonne compréhension….