La littérature africaine a dans ses débuts été dominée par les écrivains
blancs, et quelques auteurs noirs complaisants à l’endroit de la métropole.
Mais depuis Batouala de Réné Maran en 1921, une
veine réaliste sans complaisance a osé s’exprimer, nonobstant les menaces de
l’administration coloniale. Et Abdoulaye Sadji, même s’il n’emprunte pas les
sentiers battus, c’est-à-dire de faire une critique systématique du
colonisateur, il explore un sujet assez délicat avec une écriture originale
dans son roman Nini mulâtresse du Sénégal publié
en 1951. L’analyse de ce livre montre que l’auteur met à nu la mulâtresse. A
travers ces lignes nous verrons comment il a réussi son projet. Vous pourrez
lire quelques notes sur la vie et l’oeuvre de l’auteur, lerésumé du roman, la
structure, les personnages, les différents thèmes et l’écriture du récit.
Les différents thèmes sont : la colonisation, le racisme, l’esclavage,
l’exploitation, la civilisation, la tradition, la religion, l’amour. Le souci
de brièveté nous impose de nous limiter à quelques thèmes, qui, de toute façon,
englobent les autres thèmes.
L’histoire de la vie de Nini se déroule sur un décor de colonisation. Et c’est ce qui
justifie quelque peu le complexe d’infériorité dont sont victimes les
mulâtresses qui aspirent à une situation et un statut dont jouissent leurs
parents blancs. La colonisation atteint son paroxysme avec la célébration de
fête nationale de la puissance coloniale la France, le 14 juillet p.147. La
colonisation se caractérise aussi par l’exploitation des ressources du pays. La
forte communauté française est une sorte de machine pour piller les ressources
africaines, même les filles ne sont pas épargnées, celles qui ont donné
naissance à des Nini, Nana, Nenettes… Les « Entreprises Fluviales » qui
emploient 42 agents est la preuve palpable de cette volonté de ponction sur les
ressources du pays colonisé.
Quant au racisme, il s’organise
naturellement, dans la ville de Saint Louis, avec un système de classes
hiérarchisées. En effet l’ordre d’importance des races s’établit comme suit :
d’abord il y a les Blancs, ensuite les métisses et les Noirs en dernier dans
l’échelle sociale. Il faut remarquer quand bien même qu’ « il y a des
cloisonnements étanches » p.42 entre les mulâtres, on a trois classes chez les
mulâtresses : les presque blanches, les basanées, les peaux foncées, donc plus
proches de la couleur noire. Entre ces différentes couleurs, règne une ségrégation
mortelle.
La civilisation occidentale est
très présente ici avec leur culture du
cinéma, des boîtes de nuits, et autres lunchs (ou soupers), etc. Et le
narrateur ironise souvent quand il parle « mission civilisatrice » des Blancs.
Mission qui se résumerait dès par une débauche sans pudeur, accompagnée de «
l’usage effréné de l’alcool et de stupéfiants » p.49
En marge de tout cela, se vit une culture, autant dire une tradition africaine
très digne. Ainsi à côté des danses occidentales telles que le valse, monotone.
Le narrateur y fait ressortir les oppositions des deux civilisations : « La
biguine et la rumba sont les deux modes d’une même réaction pour accepter tout
en la repoussant la danse européenne, la civilisation européenne… » p.59
A travers le personnage de Bakary, tout un pan de la tradition africaine est mis à
nu. Une tradition faite de croyances mais aussi de superstitions. Il faut lire
les nombreuses allusions à la conception nègre de l’univers dans les pages de
113 à 117. (Vous trouverez bientôt une explication d’un texte dans l’autre blog
sur les exercices littéraires).
Vers la fin de sa vie la grand-mère Hélène va d’ailleurs réclamer les « Tours
», ses ancêtres (p.181)
Les religions sont ici présentées
comme des moyens auxquels on recourt après déception. La grand-mère Hélène et
tante Hortense se sont tournées vers la religion chrétienne après maintes
déceptions. Maintenant elles sont abonnées à la messe p.11. Une façon pour
elles de faire leur deuil d’illusions de jeunesse. Quand elle a voulu que le
Blanc épouse sa petite fille, la vieille ira aussi solliciter l’aide d’un
marabout manding, mais au final, c’est elle qui profitera des services du
serigne. Ce qui est caractéristique, c’est le syncrétisme religion que vit
cette population, aussi bien noire que mulâtre. Même Nini, dans le désespoir
accepte les gris-gris (p.122) du marabout tout en louant Jésus Christ. Ce
cocktail religieux se retrouve partout surtout chez les Noirs dont Nini blâme
la conduite en ces termes : « Ils profitent de toutes les fêtes : la Tabaski et
le Ramadan […] les fêtes chrétiennes ou républicaines » p.139. Même les blancs
sont tentés par ce syncrétisme, et à l’invocation du muezzin, Martineau et
Perrin faillirent faire un signe de croix p. 22.
Le thème de l’amour est le
ressort du roman. Chez Nini l’amour ne signifie rien. Ainsi s’interroge-t-elle
sur l’amour prescrit par la religion « Aimez-vous les uns les autres ». On dit
d’elle que « L’amour, pour elle, reste un simple sport » (p.176). Ce qui fait
que le seul vrai amour dans l’histoire est peut-être que celui Ndiaye Matar
éprouve pour Nini. Ce coup de foudre dont il est victime lorsqu’il a vu pour la
première fois Nini au bureau où elle travail. Mais cet amour est quelque peu
faussé parle le désire du Noir de venger la mulâtresse de ces aventuriers
blancs. Qui parle d’amour parle de beauté. La
beauté est souvent louée dans le roman. De toute façon métisse rime souvent
avec beauté. La fausse et naïve question de Nini « Peut-on parler de beauté
chez la négresse ? » (p.145) ne doit occulter la beauté de la femme africaine.
Se référer au poème « Femme nue femme noire » de L. S. Senghor dans Chants d’ombre publié en 1945.
des Champs-Élysées.
Son père, Demba Sadji était un marabout sérère, et sa mère Oumy Diouf est
issue d’une famille musulmane léboue. Elle était aussi très conservatrice de sa
tradition animiste. Abdoulaye Sadji fait des études coraniques puis entre à
l’école primaire à onze ans. Il fréquente le Lycée aidherbe avant d’aller à l’École
normale William Ponty. Il devient l’un des premiers instituteurs africains en
1929 et exerce en Casamance, à Thiès, Louga, Dakar et Rufisque, où il occupe
ensuite le poste de directeur d’école et d’inspecteur Primaire de 1959 à sa
mort, en 1961. Sadji est également le deuxième sénégalais (après Ousmane Socé
Diop) à obtenir le baccalauréat en 1932, défiant ainsi les autorités
coloniales.
Sadji est également engagé dans le combat pour l’indépendance de son pays et
peut à ce titre être classé parmi les pionniers de la Négritude. Il pratique la
“Négritude intérieure”, et c’est à ce titre que Léopold Sédar Senghor
dit de lui: “(…) Abdoulaye Sadji appartient, comme Birago Diop, au groupe des
jeunes gens, qui, dans les années 1930, lança le mouvement de la Négritude.
Abdoulaye Sadji n’a pas beaucoup théorisé sur la Négritude: il a fait mieux, il
a agi par l’écriture. Il fut l’un des premiers jeunes Sénégalais, entre les
deux guerres mondiales, à combattre la thèse de l’assimilation et la fausse
élite des ‘évolués’. Il a, pour cela, multiplié, au-delà des discussions,
articles et conférences”
l’image de Nini Mulâtresse du Sénégal (1954),
le parcours de jeunes femmes africaines qui, à l’image d’un continent en
transition, connaissent espoir, doutes et désillusions. Tounka une légende de la mer est
publié en 1952, suivi en 1953 d’un livre de contes ancrés dans le folklore
sénégalais Leuk-Le-Lièvre, en collaboration
avec Léopold Sédar Senghor qui en assure la partie grammaticale. Modou Fatim paraît en 1960
Il a donné aussi de nombreux articles dans les revues Présence africaine et
Paris-Dakar
Il écrit également des nouvelles Tragique Hyménée
(1948), Un rappel de solde (1957).
A titre posthume paraîtra son essai Ce que dit la musique
africaine en 1985.
Le roman est constitué de deux grandes parties. La première va de la page 9 à
la page 150. La deuxième de la page 151 à la fin. Toutefois, pour une
compréhension plus aisée, nous considérerons différentes séquences qui se
fondent sur des datent importantes qui coïncident d’ailleurs à des événements
ou faits dans les six mois de la vie de l’héroïne, événements aussi qui
rythment la vie des ndar ndar ou saint-louisiens.
1re séquence : Dès le début,
dans le mois de février, le romancier raconte la vie monotone de Nini et son
travail de routine au bureau, car elle est dactylographe.
2ème séquence : Il se produit
un événement important : la lettre de Ndiaye Matar qui est comptable aux
Travaux Publics, bouleverse momentanément la tranquillité de la mulâtresse.
Elle se confie à Madou, son amie qui lui propose de se venger de cette
déclaration d’amour du Noir. Et là Nini a peur de sa propre couleur, de ce que
ce noir lui rappelle ce qu’elle est.
3ème séquence : Autre
événement, celui du mariage de Dédée, une mulâtresse avec un Blanc, Monsieur
Darrivey, le samedi 27 février. Ce mariage redonne de l’espoir à Nini.
4ème séquence : Sachant que le mariage d’une mulâtresse avec un Blanc est fort
possible à Saint-Louis, la famille de Nini décide de prendre le taureau par les
cornes. Et afin de réaliser leurs rêves de toujours à travers leur fille, c’est
la grand-mère va voir un marabout avec l’aide d’une cousine Khady.
5ème séquence : C’est le 13
juillet, veille de la fête de l’indépendance de la France. Nini invite à dîner
ses amis blancs Perrin et Martineau, pour faire manger à ce dernier la potion
magique du marabout.
6ème séquence : Cette séquence
est une sorte clôture, un dernier acte dans cette tranche de vie de Nini. C’est
la fête du 14 juillet aussi. A la liquidation de la compagnie, les Blancs sont
remerciés, et ils rentrent à l’hexagone. Nini aussi part pour la France, fuyant
ainsi les commérages des ses amies.
Etudier les personnages dans ce roman revient surtout à explorer des
mentalités. Les mentalités des races noires, blanches, et surtout celles des
mulâtresses, ces métisses biologiques comme écrivait Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs.
Etudier les personnages, c’est également s’attarder souvent sur la psychologie
des Noirs. Voilà en somme à quoi s’en tenir pour lire à travers l’analyse des
protagonistes du récit. Nous verrons pour plus de commodité pratique l’«
élément » mulâtresse, ensuite la population noire et enfin les Blancs.
1. Les mulâtres
Nini : Nini, c’est son
diminutif ou son pseudonyme, car elle s’appelle Virginie
Maerle. Elle a 22 ans dans le roman. Son portrait physique est
favorable, car Nini est belle. Elle a une peau presque blanche, qu’elle tient
de son père. Blanche à 1/5, et le narrateur note que Nini est « café au lait »
presque blanche… un miracle de la nature a voulu qu’elle soit blonde avec des
yeux bleus » p.41. De sa race noire, elle pris un « petit nez écrasé » avec des
narines ouvertes, « des lèvres fortes » et la « démarche féline ». Cette
dernière description physique est, on le voit, subjective, car le narrateur y
vante les canons de la beauté de la négresse, et insiste sur la part de la
mulâtresse qui revient à son côté maternel.
Nini est souvent triste parce qu’elle est hantée par le sang noir qu’elle a
dans ses veines et qu’elle veut ignorer, mais affiche une mine joviale, gaie.
Par rapport à la religion chrétienne à laquelle elle appartient, Nini passe
pour une non pratiquante. Pourtant elle était dans un couvent jusqu’à 15 ans –
établissement où les jeunes filles ont un encadrement et un enseignement
religieux. D’ailleurs elle a de l’aversion pour la religion musulmane, en
témoigne son attitude vis-à-vis de l’appel à la prière du muezzin. p.22.
« Dis-moi ce que tu lis, je te dis qui tu es », ainsi on peut avoir une idée
sur la psychologie de Nini. Sa lecture Deux nuits de volupté de Marot, L’Amant
d’une nuit de Ronsard et La Muse gauloise de Verlaine p. 33. Nini est une
rêveuse, même dans ses lectures on retrouve cette disposition à s’évader : «
Nini rêve au lieu de lire » p.33. Voilà ce qui justifie qu’elle ne connaît rien
de ce qu’elle prétend lire, et elle classe le philosophe Montesquieu parmi les
romantiques pp. 36-37.
Madeleine Meckey ou Madou. Elle est l’amie de Nini
et sa réplique, mais moins blanche et moins raffinée qu’elle. Elle a aussi
honte de l’élément noir de sa peau. C’est pourquoi elle ne veut que son ami
Perrin voit ses parents.
Grand-mère Hélène et tante Hortense : ce sont les
deux seules parentes qui restent à Nini. Elles ont eu leurs moments de rêve
d’être épousées par des Blancs. Maintenant, désillusionnées, elles se replient
sur elles-mêmes et trouvent refuge dans la religion chrétienne, et ne ratent
jamais la messe.
Dédée est la mulâtresse de «
demi-teinte » p.95 qui se marie avec un Blanc M.
Darrivey.
Il y a aussi la tante de Dédée, Sylvie. Elle
tient à son gendre et est très jalouse de lui.
La population mulâtresse est constituée également d’autres comparses telles que
Nana p. 76, Lia p. 171, Mimi, Nénée, Nénette, Titi. Elles sont des amies,
autant dire des compagnons de Nini.
.
2. Les Noirs
Ndiaye Matar : A le juger par
ses manières et sa tenue, tout laisse croire que c’est un Blanc. Voilà ce qui
justifie que sa lettre à Nini soit surprenante. C’est un noir, et son nom
l’identifie.
Ndiaye Matar est « très élégant et correctement vêtu » p. 37 Il est très
respectueux et très respecté par les Blancs surtout. D’ailleurs pour le saluer
Martineau se lève et entend le titre de respect « monsieur ». C’est le type du
civilisé sans perdre sa nature. On peut lire à la page 63 qu’il est «
originaire de Dakar, il a été affecté à Saint-Louis, aux Travaux Publics après
son succès à la première partie du baccalauréat… » Un peu révolutionnaire, il
veut défendre les droits de ses congénères, mêmes ceux des métisses. Mais son
vain combat est caricaturé par le narrateur qui le compare à Don Quichotte de
la Manche, chevalier de la Triste figure p.66.
Son amour pour Nini est un coup de foudre p. 65. C’est un amour sincère, mais
un peu une manière pour lui de sauver Nini de cette race blanche dont elle
victime de rejet sans le savoir.
Bakary : le boy de la famille
de Nini. Un vrai noir avec la couleur et la tradition. Il représente le type du
boy esclave. A cause de lui, Perrin pense que Nini vit l’époque de l’esclavage,
par la manière de celle de la traiter. Il est docile et candide. Son français
petit nègre le caractérise p.12.
Mamadou : le planton dans le
service où travail Nini. Il es le contraire de Bakary. Loin d’être soumis,
souvent de mauvaise humeur et très rancunier, mais son travail comme il faut.
Il représente le nègre rebelle. Il parle bien français, mais fait toujours
exprès de parler wolof avec Nini, histoire de se moquer d’elle.
Du côté des Noirs, Nini est apparentée. Khady, c’est
la cousine de sa grand-mère Hélène p.119. C’est elle qui servira de relais
entre grand-mère Hélène et sa tradition. Elle emmène cette dernière à un
marabout manding.
Fatou Fall est une cousine
noire de Nini. Elle est très belle, car les Blancs l’apprécient plus qu’à Nini.
« Elle est rudement belle, la « djiguène », échappe à Perrin. Et cela est
confirmé par son ami qui ajoute « follement séduisante » p.143, à croire que
les Blancs en deviennent fous. D’ailleurs Nini en devient même jalouse devant
les remarques de ses invités Martineau et Perrin. Durant cette soirée, elle est
ainsi décrite par le narrateur : « Fatou Fall a pris sa camisole ajourée,
blanche comme la vertu, et un pagne de même couleur travaillé par des rayures
noires » p.137
Le marabout manding, représente à la fois
l’islam et la religion africaine animiste.
3. Les Blancs
Il y a surtout Jean Martineau
et Perrin, les collègues de
travail et de bureau de Nini. Respectivement aussi amants occasionnels de Nini
et de Madou. Martineau est un intellectuel, licencié en droit et diplômé de
Sciences-Po p.170. Perrin est un homme franc qui n’hésite pas faire des
remarques blessantes à l’endroit de Nini, et des compliment envers les Noirs.
D’autres personnages blancs sont épisodiques à l’image du patron de Nini, qui est sec et
sévère p.47 ; Monsieur Campian,
ingénieur et l’une des hautes personnalités de la ville, et très « négrophile »
tout comme le professeur du lycée Faidherbe, M.
Roddin p.60.
M. Darrivey, c’est lui qui épouse
la mulâtresse Dédée. Il est l’adjoint des Services Civils Le portrait que
dresse Nini de lui est très complaisant pp.98-99
Le docteur Finot représente la médecine
blanche moderne. P179
Cette étude des personnages révèle des vérités tues par le narrateur, mais qui
peuvent se lire entre les lignes. On retiendra surtout une critique assez
sévère vis-à-vis du comportement des mulâtresses qui refusent d’ouvrir les yeux
pour voir la vérité en face. Mais on a l’impression qu’elles sont amendées par
leur manque de culture, d’études poussées. Comme Nini, elles sont naïves.
D’ailleurs tous les intellectuels du livre apprécient les Noirs. Ensuite elles
sont le produit de cette race qu’elles détestent, et sont rejetées par celle-là
même à laquelle elles aspirent.
Nini est un roman très critique.
Abdoulaye Sadji y multiplie les coups de boutoir avec des attaques à la grande
famille mulâtresse, mais aussi au système colonial dont les enfants,
biologiques et psychologiques, sont ici vitupérés. La qualité du récit réside
dans l’illusion dans laquelle vivent les personnages et la purge dont
l’éventuel lecteur pourrait bénéficier. Pour réussir ce coup de force, le
romancier use de beaucoup de moyens que lui offre la langue française, mais
aussi la culture africaine, sénégalaise.
Même si on a pu dire que l’auteur a écrit ce roman en réaction à une déception
causée par une mulâtresse, il n’en demeure pas moins que c’est la réalité d’une
époque qui se lit dans ce roman. Son humour et son ironie permettent de l
classer parmi les grands écrivains africains de la littérature coloniale.
et espace
durant l’époque coloniale. Il raconte une courte période de la vie de Nini : sa
rencontre avec un Blanc qui lui promet le mariage. ” Nini est l’éternel
portrait moral de la mulâtresse, qu’elle soit du Sénégal, des Antilles ou des
deux Amériques. C’est le portrait de l’être physiquement et moralement hybride
qui, dans l’inconscience de ses réactions les plus spontanées, cherche toujours
à s’élever au-dessus de la condition qui lui est faite, c’est-à-dire au-dessus
d’une humanité qu’il considère comme inférieure mais à laquelle un destin le
lie inexorablement. “