Dogmatisme, Dogme et Doute.

Les étymologies…
Nous allons nous intéresser aux mots : Dogmatisme, Dogme et Doute.

DOGMATISME :

Le terme vient du grec et latin “dogma” qui veut dire opinion ou doctrine.
– Sens ordinaire : c’est une rigidité intellectuelle des adeptes d’une doctrine, lorsque ceux-ci refusent d’envisager la discussion ou la remise en cause de ses fondements.
– En philosophie : c’est une position philosophique consistant a admettre que l’on peut atteindre puis démontrer des vérités certaines ou même absolues, notamment dans le domaine métaphysique.

Termes voisins : scepticisme.
Termes opposés : certitude, conviction, critique, doute, fanatisme, fideisme, préjugé.

DOGME :

Toujours du grec et latin “dogma”, opinion, doctrine.
– Sens Théologique : c’est l’ensemble des positions caractéristiques d’une religion.
– Sens ordinaire : point de doctrine établi et considéré comme intangible et indiscutable dans une école philosophique ou religieuse, dans un courant politique, etc.

DOUTE :

Du latin “dubitare”, qui veut dire balancer.
– Sens ordinaire : état d’esprit provenant d’une absence de certitude.
– En philosophie : c’est une attitude réfléchie, volontaire et critique ; suspension du jugement devant ce qui se présente comme une vérité, afin de l’examiner et d’en mettre a l’épreuve le bien-fondé.
– En Epistemologie : selon Claude Bernard, c’est la qualité fondamentale de l’investigation scientifique, qui vise a ne pas prendre des conclusions momentanée des vérités absolues.

Termes voisins : embarras, hésitation, incertitude.
Termes opposés : certitude.

Le doute libérateur :

La valeur de la philosophie doit, en réalité, surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de conviction qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison.
Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident : les objets ordinaires ne font pas naître des questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons, que mêmes les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes.
La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l’habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d’une réalité possible et différente ; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n’ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau.
Bernard Russel, Problèmes de philosophie.