Parce qu’elle nous aide à penser et que vivre c’est aussi penser sa vie.
Et dès lors qu’on est doué de vie et de pensée, l’obligation s’impose d’articuler l’une à l’autre ces deux dimensions. En sachant qu’entre les deux, il demeure toujours un écart irréductible, et c’est pourquoi la philosophie qui est une pensée n’est pas la sagesse qui est une façon de vivre. Disons que la sagesse est le but, la philosophie le chemin.
Selon vous « La philosophie nous aide à penser bien pour vivre mieux« , au fond ce qui nous conduit à la sagesse c’est d’avoir une lucidité, d’avoir le maximum de raison dans notre vie.
Il s’agit de penser mieux c’est l’objet de la philosophie, vivre mieux c’est le fait de la sagesse, sagesse qu’on atteint jamais absolument car c’est un idéal.
La sagesse serait ce but, cet idéal dont on peut s’en approcher. Comme disait Alain « Le contraire de la sagesse c’est la sottise ». Et c’est la pari de la philosophie de croire que la sottise, l’illusion rendent malheureux et qu’un certain rapport à la vérité peut nous aider à être heureux.
Selon St Augustin « La sagesse c’est le bonheur dans la vérité et non pas dans l’illusion », aussi bien fidèle à Spinoza.
Alors la vérité on ne la connait jamais toute ni absolument mais on en connait toutefois assez pour distinguer clairement entre la sincérité et le mensonge, la lucidité et l’illusion. Il s’agit d’être un peu plus lucide pour être un peu plus heureux.
Le but de la philosophie est la sagesse, tel que les grecs l’on définit, et la norme de la philosophie c’est la vérité. Une bonne manière de concilier sagesse et vérité qui sont les deux quêtes du philosophe.
Si on soumettait tout au bonheur, il y a alors beaucoup d’illusions confortables que je connais qui me rendrait bien plus facilement heureux que bien des vérités désagréables que je connais aussi. Autrement dit si le philosophe a le choix entre une vérité et un bonheur, il n’est philosophe ou digne de l’être quand tant qu’il choisit la vérité, ce à quoi on se soumet. Il ne s’agit pas de penser ce qui me rend heureux, sinon la philosophie ne serait qu’une version sophistiquée et sophistique de la méthode coué. Il s’agit de penser ce qu’il me parait vrai, ce que j’appelle corrigeant Spinoza par Montaigne « La norme de l’idée vrai donnée ou possible » car encore une fois la vérité on ne la connait jamais toute ni absolument ni en toute certitude. Il s’agit d’en tirer le plus de bonheur que je peux dans la vérité.
Comment avoir comme norme la vérité ? Comment la définir, c’ est quoi la vérité ?
La vérité c’est l’adéquation à ce qui est, on ne la connait jamais toute mais on en connait assez. On ne peut douter de qch qui est indubitable, le scepticisme est un moment de la pensée, on ne peut pas dire que tout est faux, ni même que tout est douteux.
Peut-on dire que tout est vrai ?
Tout ce qui est est vrai, y compris un mensonge, une erreur puisqu’elle est vraiment fausse. L’idée est que l’être et la vérité sont une seule et même chose. Mais selon Spinoza, l’être c’est ce qui dit du réel, dans l’attribut étendu, le vrai c’est ce qui ce dit dans la pensée, l’attribut pensée. Mais les deux en vérité n’en font qu’un. La vérité c’est l’accord avec le réel, cet accord il n’est jamais total, jamais absolu dans notre esprit.
Quelle différence entre la vérité comme véracité, conformité des paroles par rapport au fait, et la vérité ultime au sens métaphysique ?
La vérité ultime, totale, absolue personne ne la connait, c’est pourquoi il y a dans la philosophie une dimension de scepticisme obligée : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Question sans réponse possible, puisque même dieu ne répond pas à la question, sinon la question serait alors « Pourquoi Dieu plutôt que rien? » Nous ne connaissons pas les fins ultimes, qu’est ce qu’il y aura après la mort ? Quelque soit la réponse personnelle, en vérité c’est une croyance et non un savoir. Mais delà à dire que l’on ne connait rien, il y aurait un pas à ne pas franchir.