La philosophie des sciences, l’histoire des sciences, l’histoire des idées et l’épistémologie, forment un ensemble de savoirs complémentaires concernant la connaissance savante. Chacune a une orientation propre et impose une méthode de travail, mais une même étude peut mélanger toutes ces démarches, si bien que leur différenciation n’est pas toujours possible.
Épistémologie
Le mot épistémologie a été utilisé pour la première fois en 1906, dans le supplément du nouveau Larousse illustré. Actuellement, on désigne par épistémologie, la description et l’examen critique des procédés (théoriques et pratiques) sur lesquels se fonde les sciences.
L’épistémologue s’intéresse aux grands principes, aux méthodes d’investigation et d’expérimentation et enfin aux conclusions des disciplines scientifiques. Une manière de procéder consiste à distinguer, dans une science donnée, les principes ontologiques (sur ce qui existe, le réel), les principes gnoséologiques (les manières de connaître), et enfin les formes d’expérience et les techniques employées (la méthode au sens pratique). L’épistémologie s’efforce de formaliser les paradigmes scientifiques (ensemble des principes admis pour une science à un moment de son évolution).
L’épistémologie est le fait des philosophes qui s’intéressent aux sciences, mais aussi des scientifiques eux-mêmes au cours de leur activité, lorsqu’ils réfléchissent sur leur discipline et leur activité. Cette réflexion interne au domaine de recherche peut prendre un aspect critique et inviter à dépasser des principes admis.
Philosophie des sciences et de la connaissance
C’est sous la plume d’Auguste Comte et d’Augustin Cournot que le terme de philosophie des sciences est apparu au XIXe siècle. Cette approche large précède l’épistémologie proprement dite et continue d’être pratiquée. La philosophie des sciences cherche à donner une vision générale de la science (sa valeur, ses manières de procéder, ainsi que ses évolutions). Elle s’intéresse à la vision du monde produite par les sciences et aux récits culturellement partageables qui en découlent), à la place des sciences dans la société, à leurs effets sur la société, ainsi qu’aux problèmes d’éthique qu’elles engendrent, directement ou indirectement.
La philosophie des sciences s’intéresse aussi aux diverses formes du savoir et précise leurs différences. En distinguant des types de savoirs ou de non-savoirs (de méconnaissances) et leurs sources, elle permet un jugement qualitatif sur leur validité dont les conséquences sont pratiques. On peut y associer l’histoire des idées. Elle permet de situer les connaissances scientifiques dans l’ensemble des savoirs et dans leur histoire. Elle montre ainsi qu’ils n’en sont pas dissociés, participant d’une même “épistémè” (M. Foucault).
La théorie de la connaissance (en général) est encore plus ancienne et remonte à la révolution scientifique du XVIIe siècle. Les auteurs ont eu besoin, dès ce moment, de caractériser et de différencier la philosophie naturelle de la théologie. La théorie de la connaissance s’attache à démonter les mécanismes producteurs du savoir, à identifier les présupposés théoriques et les implications métaphysiques qui en règlent l’exercice. Elle interroge les dimensions ontologiques, métaphysiques et éthiques que révèle tout acte de connaître. L’étude critique des savoirs non scientifiques (des principes et procédés de telle ou telle pensée se présentant comme un savoir) n’a pas de nom précis, mais elle existe et permet de proposer des démarcations entre mythe, idéologie, métaphysique, philosophie, savoirs empiriques, etc.
Histoire et sociologie des sciences
On distingue une approche « internaliste », qui s’intéresse à la logique propre des évolutions scientifiques, de l’approche « externaliste », qui prend en compte l’environnement socio économique, politique et les institutions dont dépend le développement des sciences. Les deux peuvent se conjuguer lors de la description de l’évolution au cours du temps d’une science selon les conditions sociales et politiques.
Les évolutions dans le temps sont complexes et l’historien va s’efforcer de les restituer fidèlement en vérifiant ses sources. L’histoire des sciences diffère des synthèses épistémologiques qui “lissent” les péripéties, mettent de côté les reculs et les impasses et négligent les aspects biographiques. Ces dernières intéressent l’historien qui peut tenter de replacer les découvertes dans l’histoire individuelle du savant.
La sociologie des sciences s’intéresse aux conditions sociales (générales ou institutionnelles) de la science. Son approche est externaliste, elle cherche les conditions politiques, économiques, techniques, qui permettent la pratique scientifique. La science n’est pas considérée comme une construction autonome, mais comme une activité sociale dans son contexte historique et ayant des conséquences sur la société.