La LIBERTÉ

Introduction

La liberté est généralement définie comme la possibilité d’agir sans contrainte ni obstacle. Etre libre, c’est donc faire ce qu’on veut. Mais peut-on faire ce que l’on veut dans la société ? N’y a-t-il pas des contraintes sociales et naturelles qui nous empêchent de faire ce que nous voulons. L’homme qui se croit libre, l’est-il réellement ? Au fait, qu’est-ce que la liberté ? A travers les conceptions philosophiques, nous examinerons trois points de vue : un qui considère que la liberté est possible, un autre qui estime que la liberté est illusion et enfin le troisième point de vue qui pense que la liberté est possible mais il faut la conquérir.

I- La liberté, une réalité.

Il y a une conception philosophique qui fonde la liberté sur le libre-arbitre. Le mot vient du latin « liberum arbitrum » qui signifie « le pouvoir de choisir ». Le libre-arbitre, c’est cette liberté de choix entre plusieurs actions possibles. Pour Descartes, tout homme dispose du libre-arbitre c’est-à-dire de la faculté de choisir sans contrainte. A son avis, agir volontairement, c’est la même chose qu’agir librement. L’homme est maître de lui-même et le libre-arbitre le rend responsable de ses actes. Dès lors qu’on agit librement, on est responsable de ses actes, et c’est ce que André Gide démontre dans son ouvrage Les Caves du Vatican avec un personnage mystérieux du nom de Lafcadio. Ce dernier, pour tester qu’il est libre de faire ce qu’il veut, a choisi de jeter un vieil homme hors d’un train qui roulait à vivre allure. Pourtant, ce vieil homme ne lui a rien fait, mais Lafcadio voulait simplement avoir la preuve que, grâce à son libre-arbitre ou son pouvoir de choisir, il est libre de faire ce qu’il veut. Un tel geste est appelé acte gratuit, c’est-à-dire un acte que rien ne justifie ou qui se fait sans aucune raison. Cette même conception de la liberté comme libre-arbitre se trouve chez Sartre qui affirme que l’homme, grâce à son pouvoir de choisir, agit librement. Pour lui, même ne pas choisir c’est choisir, et ce choix est toujours libre. Quoi que l’homme puisse faire, il est libre, et c’est ce que Sartre affirme dans L’Etre et le néant : «L’homme est condamné à être libre». Cela veut dire que quoi qu’il fasse et quelle que soit la situation, l’homme agit toujours librement et est responsable de ses actes. Sartre s’oppose aux philosophes du soupçon Marx, Nietzsche et Freud qui pensent que l’homme n’est pas être libre parce qu’il est manipulé par des causes inconscientes. Ces derniers défendent l’idée que la liberté est impossible et qu’elle est une illusion.

II- La liberté, une illusion.

Nous vivons dans un monde qui obéit à des contraintes qui limitent notre pouvoir d’action et nous empêchent d’être libres. Ces contraintes sont aussi appelées déterminismes. Il y a les déterminismes naturel, biologique, psychologique et social. Le déterminisme naturel permet à l’homme de savoir qu’il vit dans une nature qui obéit à des lois qui ne dépendent pas de sa volonté. On peut citer le temps que l’homme ne peut ni avancer ni reculer ni retenir. Au contraire, l’homme subit le temps. Il en est de même avec la succession du jour et de la nuit, l’éclipse solaire et lunaire, la pluie, le soleil etc. Ce sont autant de phénomènes naturels contre lesquels nous ne pouvons rien. Nous les subissons malgré nous. A côté de ce déterminisme naturel, il y a le déterminisme biologique contre lequel l’homme ne peut rien. Par exemple, on ne peut pas lutter contre la mort, ni même la vieillesse ; on ne choisit pas non plus sa terre de naissance, ni ses parents, ni la couleur de la peau, ni sa taille. Ce sont des choses imposées à l’homme. Dans ce cas, où est sa liberté ? Etant donné que l’homme n’a pas son mot à dire sur ces phénomènes naturels, il n’est point libre.
Pour ce qui concerne le déterminisme psychologique, il faut retenir que notre psychisme (esprit) est toujours influencé par quelque chose. En effet, nous croyons être conscients de nos actes alors que notre volonté est déterminée sans que nous en ayons conscience. Pour confirmer cela, Spinoza dit que l’homme est dans l’illusion de la liberté : il se croit libre parce qu’il ignore les causes qui le font agir. Il écrit à ce sujet : « Les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorent ce qui détermine ces désirs ». Pour Spinoza, seul Dieu est véritablement libre parce qu’il agit par sans subir aucune contrainte. A la suite de Spinoza, Freud a montré que nous sommes déterminés par l’inconscient que nous ne contrôlons pas mais qui nous contrôle et nous manipule. Du moment que l’inconscient fait agir l’homme à son insu, il ne peut prétendre être libre. Par conséquent, il ne peut être tenu responsable de ses actes. Nietzsche également trouve que l’homme s’illusionne quand il se croit libre, car il est toujours manipulé par ses instincts animaux. Il ajoute que si notre pouvoir était illimité, il nous révèlerait que la liberté est une illusion.
Au sujet du déterminisme social, retenons qu’il y a des normes et des règles sociales qui limitent notre liberté. Et dès l’instant qu’elles nous empêchent d’agir comme nous voulons, elles remettent en cause notre liberté. Le sociologue français Emile Durkheim dit qu’il y a des lois et des règles que l’homme trouve établies dans la société, qui s’imposent à lui et limitent sa liberté. Marx, quant à lui, invoque les conditions matérielles d’existence qui déterminent notre manière de penser. Pour lui, du moment que notre pensée est influencée par nos conditions de vie, nous ne pouvons être libres, car nous sommes conditionnés à notre insu.
En plus de ces différentes formes de déterminisme, le fatalisme aussi remet en cause la liberté de l’homme. Le fatalisme est une doctrine selon laquelle tous les événements sont fixés à l’avance par le destin. Et si le destin est fixé à l’avance, c’est que l’homme subit la volonté de Dieu. Admettre le fatalisme, c’est donc admettre que l’homme est une marionnette ou un jouet manipulé. Dans ce cas, on ne saurait le tenir responsable de quoi que ce soit. En fait, le déterminisme et le fatalisme donnent l’impression d’être un frein à la liberté, mais les stoïciens pensent que ce n’est pas le cas. Pour eux, c’est en se soumettant à tout ce qui ne dépend pas de soi que l’on est libre. D’où l’idée que la liberté, c’est la soumission ou l’acceptation de la nécessité.

III- La liberté comme acceptation de la nécessité.

Selon les stoïciens, le déterminisme et le fatalisme ne sont pas des obstacles à la liberté. Puisque ce sont des choses qui ne dépendent pas de nous, il faut les accepter, car c’est en les acceptant que l’homme est libre. Rappelons que pour les stoïciens, il y a des choses qui dépendent de nous tels que nos pensées et nos désirs et d’autres qui ne dépendent pas de nous comme la vie, la mort, la maladie, le temps, la vieillesse, nos parents, notre terre de naissance etc. Toutes ces choses sont des phénomènes naturels qui échappent à notre volonté, et les stoïciens estiment qu’être libre, c’est les accepter car tout cela entre dans le cadre du destin. A ce propos, ils ont dit que « le destin mène qui veut et traîne qui ne veut pas ». C’est-à-dire que celui qui ne se soumet pas au destin subira le destin par force, mais celui qui se soumet, vivra en paix. C’est pourquoi le stoïcien Epictète disait qu’il ne faut pas vouloir que les choses arrivent telles que nous les désirons, mais il faut les accepter telles qu’elles viennent. Ainsi, nous vivrons en paix.
Dans la pensée stoïcienne, la liberté est synonyme de soumission à la nécessité, mais elle peut aussi être une conquête. On peut conquérir la liberté dans le cas où en comprenant le fonctionnement de la nature, on peut agir à notre guise. En effet, découvrir les causes des phénomènes naturels permet à l’homme de prévoir,  de ralentir ou d’empêcher le déroulement de ces phénomènes. Sous ce rapport, la découverte des lois de la nature ou des causes, au lieu de limiter la liberté de l’homme, agrandit plutôt sa liberté. C’est en ce sens que l’on peut dire que la liberté est une conquête ou une libération. A la place du mot liberté, Marx préfère parler de libération. Pour lui, cette libération passe nécessairement par la révolution de la classe prolétarienne qui, à terme, devra abolir les inégalités sociales entre bourgeois et prolétaires. En conclusion, qu’elle soit une conquête ou une libération, la liberté s’obtient au bout de plusieurs sacrifices, de peines et de souffrances pour pouvoir la mériter. Et ce n’est que dans cette mesure qu’on en sera fier.

Conclusion

Dans son ouvrage De l’esprit des lois, Montesquieu fait la différence entre la liberté philosophique et la liberté politique. La liberté philosophique, dit-il, se rapporte à la volonté libre de l’homme comme l’ont montré Descartes et Sartre alors que la liberté politique renvoie aux droits du citoyen dans la société. La liberté politique est concrète et c’est l’Etat qui garantit aux citoyens la possibilité de jouir de cette liberté. Mieux encore, dans l’Etat, la liberté s’utilise au pluriel. On parlera ainsi de liberté d’expression, de pensée, de marche, d’association, de religion, de syndicat etc. Et toutes ces libertés sont des droits sur lesquels l’Etat doit absolument veiller, d’où les rapports entre l’Etat et la liberté.

Sujets

Obéir, est-ce renoncer à la liberté ?

La contrainte est-elle le contraire de la liberté ?

La contrainte annihile-t-elle la liberté ?