Science

II.0. INTRODUCTION

Parlant de science, G. Bachelard en perçoit, mieux qu’un savoir figé, un ensemble de recherches soucieuses d’objectivité, un réalisme reconstruit, un rationalisme appliqué.

Dans notre deuxième il sera question de clarifier d’abord les concepts « esprit scientifique », « réalisme », et «rationalisme ». Et, nous examinerons aussi les catégories sous-jacentes de «déterminisme » et d’« indéterminisme » : nous y verrons avec Gaston Bachelard que l’esprit scientifique est une ascèse, discipline intransigeante dont le processus « critique » conduit à « Epistémè » à force d’interroger constamment le réel.

II.1. ESPRIT SCIENTIFIQUE

Le concept « Esprit scientifique » est né du souci de rendre l’homme plus rationnel dans le domaine scientifique. Bachelard remonte au stade vulgaire de la connaissance pour situer les moments déterminants des insuffisances épistémologiques. Pour lui, la révolution scientifique qui a fait l’objet de préoccupation au dix-neuvième siècle a fait que l’esprit scientifique se démarque de la connaissance du commun des mortels, c’est-à-dire de la « Doxa », en imposant le concept de science, comme savoir raisonné ou connaissance méthodiquement fondée, Epistémè.A ce niveau, l’effort des philosophes est louable : ils ont cherché à sauver l’homme de la récalcitrance, surtout de la doxa. Ils ont posé l’esprit comme celui qui se veut non habituel, étant donné que les habitudes, c’est-à-dire les actes acquisitoires, en constituent un frein6.

Par « l’esprit scientifique », on entend esprit critique, esprit qui se rapporte (qui se réfère à) et qui, dans une discipline scientifique de n’importe quelle obédience, a rompu ou doit chercher à rompre avec toute tendance subjectiviste et/ou sentimentaliste, en fonction d’une tendance ascétique, entendu comme possibilité pour tout homme d’être austère devant une expérience scientifique tout en mettant de côté tout préjugé7.

L’homme de science doit être un ascète de la rationalité, car l’esprit scientifique comme esprit rationaliste selon Bachelard « …est la réalisation du rationnel dans l’expérience physique… »8 . C’est un esprit qui exige de l’homme un effort pour éloigner de la pensée l’influence du sentiment et de l’arbitraire de la volonté. Selon l’auteur, l’esprit scientifique doit dépasser les philies, il doit au préalable adopter l’attitude « critique » et créative en tant qu’il est nourri d’un souci d’accroissement de la clarté et non d’une répétition permanente des acquis non rectifiés. C’est ce qui fait dire à Federigo que: «la physique au lieu d’offrir une vérification plus précise de la mécanique classique conduit plutôt à en corriger les principes»9. La science est donc d’abord un esprit à adopter; car au-delà de tout savoir acquis l’esprit humain doit pouvoir élaborer des lois ou une théorie ; ainsi conduit, l’esprit humain critiquée celui-ci a le pouvoir de récupérer une théorie ; dûment critiquée10.

Certes, ce qui caractérise l’esprit scientifique dans l’optique bachelardienne, c’est la complémentarité de la critique et de la rectification. Ainsi, pour parvenir à l’esprit scientifique, il est indispensable d’éliminer, de la connaissance, les projections psychologiques, spontanées ou inconscientes. Dès lors, la véritable psychologie de l’esprit scientifique sera bien près d’être une psychologie normative, une pédagogie en rupture avec la connaissance usuelle11.
D’après Bachelard, dans la formation individuelle, un esprit scientifique passerait nécessairement par les trois états suivants, beaucoup plus précis et particuliers que les formes contiennent :

A. L’état concret où l’esprit s’amuse des premières images du phénomène et s’appuie sur une littérature philosophique glorifiant la nature, chantant curieusement à la fois l’unité du monde et sa riche diversité.

B. L’état concret-abstrait où l’esprit adjoint à l’expérience physique des shemas géométrique et s’appuie sur une philosophie de la simplicité. L’esprit est encore dans une situation paradoxale : il est autant plus sûr de son abstraction que cette abstraction est plus clairement représentée par une intuition sensible.

C. L’état abstrait où l’esprit entreprend des informations volontairement soustraites à l’intuition de l’espace réel, volontairement détachées de l’expérience immédiate et même en polémique ouverte avec la réalité première, toujours impure, toujours informe.

II.2. LE RATIONALISME

Dans son Vocabulaire technique et analytique de l’épistémologie, Robert Nadeau définit le rationalisme comme étant toute philosophie qui met en évidence le rôle de la seule raison dans l’acquisition et la justification du savoir12. Descartes, grâce à son doute méthodique, affronte la dualité onto-cosmologique. Et, corrigeant l’idéalisme platonicien avec l’intellectualisme aristotélicien, il maintient la coexistence dans l’univers de substances pensantes et de celle uniquement étendue c’est-à-dire des hommes et de l’espace. Son épistémologie est dite rationaliste. Car, elle ne ramène pas la réalité des choses aux idées, mais reconnaît la part de l’intuitive de la raison dans la saisie des idées, qui sont la seule chose de la pensée. Donc la certitude cognitive n’est possible que moyennant le bon usage du bon sens. Cela commence par la «tabula rasa» ou le doute.

Ce faisant, le rationalisme récuse toute connaissance purement idéaliste à laquelle la perspective heideggérienne semble s’attacher en affirmant que

12 NADEAU, R., Vocabulaire technique et analytique de l’épistémologie. Paris P.U.F., 1999, p.585

l’homme«est la pensée se pensant elle-même absolument… la subjectivité en tant qu’Ego Cogito est la conscience qui représente quelque chose, rapporte en retour à elle-même ce qui est représenté et aussi l’accueille chez elle»13: Qui dit «la pensée se pensant», voit l’homme en tant qu’un être de la pure raison. Mais, il sied et c’est important d’énumérer à ce niveau quelques déviationnismes causés par le rationalisme, notamment l’anthropocentrisme et l’anti-théisme.

II.2.1. L’anthropocentrisme moderne

L’excès de rationalisme est évidemment à l’origine de l’anthropocentrisme moderne. L’homme éprouve une nouvelle conscience de lui-même; sa confiance en la seule capacité intellectuelle de l’homme évacue toute énigme du monde. L’exploration et la découverte de soi le conduit à affirmer une nouvelle conscience de lui-même comme cogito tout transparent. Se découvrant pour ainsi dire un sommet et une source même de la lumière, il en vient à conclure qu’il a en main la clé de l’existence, et la solution de tous les problèmes de l’univers et de l’humanité.

II.2.2. L’anti-théisme illuministe

L’homme rationaliste ne cherche donc plus de dieu: il est Dieu lui-même. Il refuse ce que certains auteurs appellent « la troisième dimension ». La première étant celle de la présence significative du corps, la deuxième étant celle de l’âme, dont l’expression significative est la pensée. Ces deux dimensions ne peuvent être rejetées car elles constituent les dimensions qui touchent l’immanence de l’être. Personne ne peut les nier. Le siècle des Lumières a éteint cette Lumière. L’homme rationaliste s’est perdu dans l’obscurité des deux seules premières dimensions. Son refus de l’Absolu, autre que la raison humaine, le condamne à vivre dans une contingence qui l’étouffe, le réduit et le fait vivre dans une profonde pauvreté de l’esprit. L’homme rationaliste vit et meurt sans profondeur ni déhiscence ou hauteur.

En effet, cette manière de penser le rationalisme comme «doctrine d’après laquelle rien n’existe qui n’ait de raison d’être de telle sorte qu’en droit, sinon en fait il n’est rien qui ne soit intelligible»14, c’est-à-dire, tout ce qui existe est objet de pensée,

sa raison c’est d’être matière de penser; et cela date du temps de Platon et d’Aristote qui, si différents par ailleurs, avaient en commun une conception radicale de ce rationalisme. Car les idées avec Platon, les essences avec Aristote constituaient un monde intelligible, intemporel auquel la raison avait accès par nature15.

Mais Bachelard n’est pas un scientiste, il récuse toute forme figée de la connaissance scientifique, appliquant cette méthode théoriquement rationaliste, puisque ce que l’homme sait sur le réel reste une connaissance fuyante. Et, de fait, «le réel n’est jamais ce qu’on pouvait croire, mais il est ce qu’on dût penser»16 ; autrement dit, le réalisme scientifique n’est pas un naturalisme, et la raison, pour Bachelard, doit nécessairement élucider notre expérience du réel en un réalisme construit et réconstruisable.

II.3. LE REALISME

Comme courant philosophique, le réalisme a la prétention selon laquelle les choses sont telles qu’elles nous apparaissent ou telles que nous les percevons. Les idées que nous nous en faisons correspondent ou non à leurs essences. Ainsi, nous pouvons distinguer deux grands courants réalistes :

II.3.1. Le réalisme brut ou naïf

Celui-ci professe l’identité entre les idées et les objets ou choses qu’elles remplacent dans l’esprit du sujet. C’est ce genre de réalisme que nous trouvons chez Platon. Une telle conception ne fait pas avancer la science car la connaissance scientifique se construit laborieusement en déconstruisant les impressions ou perceptions sensibles au moyen d’un certain raisonnement opératoire ; le savoir épistémique n’est donc pas une intuition intellectuelle ou rationnelle.

II.3.2. Le réalisme modéré ou médiat

Courant pense au contraire que notre connaissance étant intentionnelle, ne coïncide guère avec ce que sont les choses en elle-même. Ce que nous savons des choses est donc relatif aussi bien qu’à nos sens q’à la qualité perceptive des choses. Ainsi, la perceptive réaliste modérée favorise le travail et le progrès de la recherche

15 Ibidem. P. 684

16 BACHELARD, G., Formation de l’esprit scientifique, p.43

scientifique et, le contenu d’un tel savoir sera toujours relatif et non absolu, approximatif ou provisoire(non acquis une fois pour toute). L’initiateur du réalisme modéré est Aristote dont la de la connaissance fut amplement étudiée et discutée par la philosophie médiévale particulièrement le thomisme

Pour une connaissance vraie, le réalisme a marqué plusieurs époques. Déjà dans la période antique, pour ne parler que de cela, Platon y a fait allusion dans sa démarche dialectique. Mais ce réalisme platonicien est à saisir dans la sphère purement intellectuelle où les idées sont plus réelles que les objets sensibles17.

Au temps moderne, cette conception du réalisme sera plus en opposition avec l’intelligible dans sa considération comme étant «une doctrine selon laquelle l’être est en nature, autre chose que la pensée, et ne peut ni être tiré de la pensée ni s’exprimer de façon exhaustive en terme logique». Cette définition montre combien le fait, pour l’être, de connaître et de se connaître comme un être connaissant, ne relève pas de sa capacité de raisonner ni de penser, mais de sentir, de percevoir. Ce qui fait que toute pensée à caractère individuel saisit de façon intuitive le réel en tant que distinct du moi18.

Pour Bachelard, le réalisme devient ce que la pensée a pour l’objet. « Car ce qui est réel est rationnel et ce qui est rationnel est réel »19 Par là, il cesse d’être de même espèce que le réalisme immédiat. Ainsi devient-il un lieu de lecture, de déchiffrage et de contemplation de l’esprit humain dans son auto-organisation et il devient aux yeux de Bachelard un champ d’investigation20

II.4. DU DETERMINISME ET DE L’INDETERMINISME

Les philosophies du matérialisme rationnel, pour Bachelard, renferment un caractère qui est ambivalent dans ces deux notions, du déterminisme et de l’indéterminisme, dans la mesure où au -delà des objets observables, perçus, le réel présente à la raison des éléments, mieux les phénomènes, que la raison ne maîtrise pas.

17 PLATON ? Phédon. P.82

18 Ibidem, p.958

19 G.W.F., HEGEL, Principe de la philosophie du droit.Paris, Gallimard, Coll. 1940, p.55

20 BACHELARD, G., Le Nouvel esprit scientifique. p.7

Certes, puisque dans la science il y a les phénomènes qui sont déterminés par la raison d’une part et d’autre part des phénomènes imprévisibles dont la raison ne justifie pas la manifestation: une hypothèse probable constituerait une conciliation. Car «la science est un produit de l’esprit humain, produit conforme aux lois de notre pensée et adapté au monde extérieur. Elle offre donc deux aspects: l’un subjectif et l’autre objectif; tous deux également nécessaires car il nous est aussi impossible de changer quoi que ce soit aux lois de notre esprit qu’à celles du monde»21.

Pour bien entrer en matière de cette mise en commun qui marque la constitution objective de l’esprit dans son ascension en science contemporaine, c’est mieux d’exposer ces deux notions, du déterminisme et de l’indéterminisme.

II.4.1. Le déterminisme

La notion de déterminisme est formulée pour la première fois au 17è siècle par Spinoza puis après la science en a fait son affaire. Cette notion équivaut à celle de prévisibilité de faits. . Il semble évident que tout effet a une cause ; principe de raison suffisante. En découle une croyance : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Et si la notion de cause et celle de déterminisme ne peuvent être confondues, le déterminisme semble aller de soi quand on accepte la notion de causalité. Le déterminisme stipule qu’il n’y a pas d’évènement sans cause et que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dans le cas de la science moderne, le déterminisme est un principe général de ladite science selon lequel tout phénomène a sa cause (ou ses causes) et que les mêmes causes génèrent rigoureusement les mêmes effets. Suivant ce principe d’un enchaînement régulier, les lois scientifiques établissent entre les faits, eux-mêmes épurés d’un certain nombre de variables jugées négligeables, des rapports constants, nécessaires, universels, mesurables et dont la reproductibilité autorise la prévision. L’idéal du déterminisme strict fut formulé par le physicien Laplace (1749-1 827): si nous parvenions à une connaissance totale d’un état donné de l’univers, nous pourrions en déduire infailliblement ses états passés et futurs. Aujourd’hui, le progrès des sciences leur permet d’appréhender des phénomènes dont la complexité régulière intègre du désordre, de l’aléatoire, de

l’incertain. La prévisibilité se calcule de manière statistique ou probabiliste dans le champ des sciences humaines, des phénomènes météorologiques ou de la physique des particules (relations d’incertitude de Heisenberg). À côté des lois déterministes naissent des lois non-déterministes (structures dissipatives de Prigogine, théories du chaos).

Pour Bachelard, cette conception permet aux physiciens de prévoir rigoureusement que tel ou tel phénomène observable aura lieu à telle époque postérieure. C’est le cas de l’astronomie: «les phénomènes astronomiques représentent en quelque sorte la forme la plus objective et la plus étroitement déterminée des phénomènes physiques»22. L’astronomie est donc la connaissance la plus apte à donner à l’esprit scientifique. Cette affirmation pour l’auteur est d’une importance capitale. Elle renferme l’idée selon laquelle tel fait de la nature a une cause.

Pour ce, tout corps, qui se meut, dans l’espace déterministe, a sans nul doute une cause première. Celle-ci meut sans être mue, par exemple le soleil qui provoque la photosynthèse et le métabolisme aux plantes mais ne change pas.

Selon Bachelard, ce déterminisme dont l’effet est la conclusion d’un raisonnement, la cause, la prémisse nécessaire dont l’existence de l’effet suppose celle de la cause, et dont la vision inversait les rôles en disant que la cause entraînait toujours l’effet, est fruit d’un manque d’attention des Philosophes: car, dit-il, « l’origine astronomique du déterminisme nous parait expliquer la longue négligence des philosophes pour les problèmes relatifs aux perturbations, aux erreurs, aux incertitudes dans l’étude des phénomènes physiques »23.

C’est que pour Bachelard, il y a certains phénomènes physiques qui échappent au principe déterministe où les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il s’avère, en effet, que lorsqu’on touche au monde de quanta, c’est-à-dire monde d’énergie et du mouvement, l’observation perturbe gravement l’état du système considéré, si bien que l’on ne peut pas connaître à la fois et avec précision totale la vitesse et la position d’une particule.

Cette notion du déterminisme concerne aussi les actions humaines. Elle détermine le comportement humain étant donné que l’agir de l’homme doit procéder

22 BACHELARD, G., Le Nouvel esprit scientifique, p. 100

23 Ibidem, p. 101

de l’action voulue ou non voulue des facteurs sociaux. Ainsi, la liberté de l’homme devient déterminée. Et elle cesse d’être totale, absolue comme le préconisait Jean- Paul Sartre par exemple.

Cependant, dans l’étude des phénomènes physiques, on note qu’il y a émergence de certains faits inattendus. Cela conduit la science moderne à promouvoir le droit de cité à l’indéterminisme, quand on sait qu’une partie du réel échappe au jeu des loisnaturelles li y a donc de l’incontrôlable et/ou de l’erreur qui demeure imprévisible 24.

Par ailleurs, cette prise de conscience des erreurs pour l’historien des sciences, montre la façon dont l’esprit humain doit avoir procédé, c’est-à-dire que grâce à l’erreur on peut atteindre la vérité. En rectifiant l’erreur, on peut établir une nouvelle vérité. La rectification, s’entend alors, procède du nouvel esprit scientifique.

II.4.2. L’indéterminisme

A en croire Bachelard, l’incapacité du déterminisme à pouvoir repérer des phénomènes imprévisibles, est la cause d’une nouvelle psychologie scientifique. Cette nouvelle psychologie est nommée «indéterminisme».

Elle se manifeste à l’esprit humain lorsqu’il y a un comportement purement imprévisible lors d’une expérience du laboratoire, ou comme le souligne Bachelard: «…en partant de la considération des phénomènes désordonnés le savant a eu la surprise de voir s’imposer à lui, le même déterminisme d’ensemble, fondé sur des permanences plus ou moins exactes, mais dont l’existence est cependant assurée»25.

En effet, ce texte relate combien les faits scientifiques sont têtus, désobéissants à toute soumission aux règles établies par la raison. Cela revient à affirmer qu’il échoit lors de I’ expérimentation, de vérification de faits, que le vérificateur aboutisse à d’autres résultats souvent inattendus, incertains. Le résultat, en effet, est imprévisible, mais il n’y a pas absence des causes déterminantes. Car,

ce résultat est fonction d’une foule de conditions qui, avec Bachelard, nous paraissent à l’instant moins importantes pour en faire mention.

Mais ce qui retient notre attention, c’est que l’indéterminisme n’est pas propriété de la nature. C’ est une impuissance de l’homme à prévoir. Car l’esprit humain «ne sait rien.. .sur l’atome qui n’est pris que comme le sujet du verbe rebondir dans la théorie cinétique de gaz…, ne sait rien sur le temps où s’accomplit le phénomène du choc, comment le phénomène élémentaire serait-il prévisible, alors qu’il n’est pas visible, c’est-à-dire susceptible d’une description précise?»26.

D’après Bachelard, ces phénomènes imprévisibles ont un caractère autonome et indépendant, contrairement aux phénomènes déterministes où chaque cause produit un fait, un effet bien précis. Ainsi, la connaissance probable à ce sujet, Bachelard la pose comme conséquence de l’ambivalence du déterminisme et de l’indéterminisme. Pour lui, cette notion vaut pour la pensée scientifique contemporaine pour autant qu’elle occasionne une liaison probabilitaire entre les phénomènes déterministes et indéterministes 27. Donc, pour ce philosophe unificateur du percevoir et du raisonner dans l’expérience, la science met en commun des faits prévisibles et des faits imprévisibles ; est incontournable souhaitable pour l’objectivité scientifique.

II.5. CONCLUSION DU CHAPITRE

Notre deuxième chapitre a consisté à traiter le problème des concepts ayant trait à la science en tant qu’un savoir méthodiquement fondé, en partant des définitions de quelques dictionnaires et quelques recueils de vocabulaire de l’épistémologie. Ensuite nous avons essayé de voir ces mêmes concepts dans le contexte de Gaston Bachelard.

D’après notre auteur, la connaissance des ces concepts est indispensable pour un esprit qui se veut scientifique, mais c’est dans l’application combinée de raisonnement et de l’expérimentation que réside le « succès » de la recherche objective, une dynamique de l’approximation valable chaque fois dans des champs « régionalement » ciblés.